Texte : Florian Baudouin
Photos : Lucile Thoron

Il fait nuit noire à 18h, il fait froid, il pleut, oui l’automne est bien là. En ce jeudi soir, on prend le chemin du Marché Gare pour le concert des anglais de Black Midi accompagnés du trio japonais Dos Monos. C’est la première fois qu’on va au Marché Gare et le lieu présente bien. Il faut dire qu’il rouvre tout juste après quatre ans de travaux ! En entrant, on passe à côté d’un espace bar, on monte quelques escaliers, longe un couloir avant d’arriver dans une belle salle de taille moyenne. Tout ça a des airs de MJC, une atmosphère bien différente de ce à quoi on est habitué. En patientant, on a le temps de se rendre compte que le concert semble avoir attiré au-delà de nos frontières. On entend de nombreux groupes parler anglais, mais aussi espagnol…

C’est à 20h45 que la première partie Dos Monos entre en scène. On n’a encore pas la moindre idée de ce dont il s’agit et l’on voit seulement les trois membres se positionner sur la scène de manière triangulaire : un guitariste, un DJ, un MC. Dès les premiers instants on comprend : c’est clairement du hip hop expérimental ! Le DJ envoie des instrus tandis que le guitariste brode par-dessus. Ces derniers commencent  d’ailleurs à rapper alors que le MC reste parfaitement immobile, jusqu’à ce qu’il commence lui aussi à prendre part à la fête. Ainsi, les trois membres du groupe chantent, tantôt en anglais, tantôt en japonais, ce qui donne lieu à des jeux de questions réponses intéressants. A la fin du premier morceau, une voix robotique défaillante nous présente le groupe. 
Les influences sont variées. On a évidemment beaucoup de musique électronique, mais aussi des riffs aux sonorités très rock. On ne va pas se mentir, les morceaux du groupe sont très difficilement lisibles, entre changements de rythme, de tempo, des mélodies complètement différentes au sein d’un même morceau, des gros pétages de câbles électroniques… soit on est captivé, soit laissé totalement en dehors et ça marche plutôt bien sur nous.

Après quelques minutes de changement de plateau, voilà ce pourquoi la salle est remplie et le concert sold-out. Black Midi s’apprête à faire son apparition. Un sample nous introduit le groupe de manière épique, en mode match de catch, puis ils arrivent sur scène les uns après les autres au son de “Non, je ne regrette rien”. Ça va commencer très fort avec les guitares jazzy que l’on connaît et déjà de multiples variations rythmiques. On est également très vite subjugué par les parties de percussions et le jeu incroyables de Morgan Simpson : Blast beat, galloping ou parties plus calmes et groovy, absolument tout y passe. 
Geordie Greep, chanteur-guitariste et Cameron Picton, bassiste, vont échanger leurs instruments pour un long passage ou Picton chante sur des arpèges à la guitare classique. En résulte un moment suspendu très agréable. Ensuite, chacun reprend son instrument de prédilection pour repartir dans un registre expérimental plus habituel. Il n’est en fait pas rare que Cameron Picton chante, même si c’est plus souvent le rôle de Geordie Greep. Ils ont des registres bien distincts : Lorsque Greep chante, il semble plutôt raconter des histoires de façon très expressive, tandis que Picton a un style plus mélodique et émotionnel. Peu avant la fin, le groupe va se livrer de façon inattendue à une reprise instrumentale de la danse des canards qui prête à sourire. Cela va mener au dernier morceau après lequel Greep, se retrouvant seul sur scène, va prendre le temps de présenter l’équipe de la tournée, de remercier tout le monde, avant d’enfiler sa veste et de s’éclipser. Malgré les demandes insistantes du public, il n’y aura pas de rappel. En fin de compte, ce n’est peut être pas plus mal, car on imagine mal que cela sied au style du groupe. Le set de Black Midi se suffit à lui même, inutile de lui enlever ou ajouter quoi que ce soit !

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