Texte : Florian Baudouin

Le samedi 22 juillet, on retournait au théâtre de Fourvière pour la quatrième et dernière fois de l’année, pour le concert du singer-songwriter à l’univers singulier Tamino. Une fois de plus les lieux sont pleins à craquer et l’anticipation est palpable. C’est l’un de ses compatriotes, Jan Verstraeten, qui ouvre la soirée.

On commence donc avec Jan Verstraeten qui est pour nous une découverte. Le groupe arrive comme sorti tout droit dun film de Wes Anderson vêtus de costumes rose flashy puis sont rejoints par le singer-songwriter, costume blanc et masque de souris blanche et rose. Ce sera donc un set… excentrique visiblement. En parlant de Wes Anderson, on trouve sur le site de Bonsound, le label de Jan Verstraeten, la description suivante : « Jan Verstraeten sait mieux que quiconque frapper l’imaginaire par ses vidéoclips inusités et sa musique à effet cinématographique ». Moui bon, ça veut tout et rien dire, on jugera sur pièce. Effectivement, on s’aperçoit tout de suite principalement par la présence de trois instruments orchestraux (alto, violon et violoncelle) qui apportent de nombreuses envolées symphoniques, que la musique a quelque chose évoquant résolument la BO d’un film. Ce n’est pas la mise en scène et l’attitude hautement théâtrale du chanteur qui diront le contraire. Verstraeten s’adresse au public en français, introduisant sa copine Daisy qui est « un peu timide » avant de ramener une sorte d’alpaga en peluche sur lequel il va s’asseoir derrière un clavier pour interpréter un titre pour le moins expérimental. Et voilà le cœur du problème : on a l’impression qu’on est un peu dans l’excentricité gratuite. Au cours du set, Verstraeten va changer de masque, la bassiste se retrouver en haut de lingerie au bout de deux titres sans que ça n’ait vraiment de sens et un ours géant rentrer sur scène pour danser sur le dernier titre. Ca fait un peu musique de « petit rigolo » et on a du mal à voir où il veut en venir avec tout ça, bien que le talent des protagonistes soit tout à fait palpable. Comme au cinéma, soit on se laisse embarquer, soit on reste en dehors. Le public ce soir semble avoir été conquis, mais nous, eh bien, on est un peu resté en dehors.

Photo : Muriel Scherre

Soudain, Tamino fait son apparition, sous les acclamations du public et va commencer par interpréter “A Drop of Blood” seul derrière sa guitare, instaurant tout de suite l’ambiance intimiste et quelque peu éthérée qui caractérise sa musique. Il est ensuite rejoint par de nombreux musiciens sur “The Longing” et bien que la musique se fasse bien plus riche et grandiose, on ne perd rien en intimité. Les morceaux s’enchaînent, en majorité issu du dernier album “Sahar”, et les musiciens vont et viennent, suivant les besoins du morceau, avec un variété d’instruments folle, notamment de nombreux instruments traditionnels qui donnent à chaque morceau une touche particulière. La mise en scène est assez épurée, ce qui sied fort bien à l’univers de l’artiste. Les jeux de lumière sont cependant splendide, évoquant tantôt les chaleurs sahariennes, tantôt les fraîches nuits désertiques, comme sur “Indigo Night”. Comme on s’y attendait, Tamino parle très peu, ce qui fait partie du personnage, hormis en fin de set où il va remercier le public dans un mélange de français et d’anglais. Après s’être laissés subjuguer et hypnotiser pendant une bonne heure et demie, le moment tant attendu où Tamino interprète “Habibi” pour conclure le set arrive. Le public écoute religieusement tandis que Tamino impressionne par sa palette vocale. Sous la standing ovation du public, le groupe revient interpréter deux titres supplémentaires, “Only Your Love” et “Smile”, pour conclure ce set onirique et captivant de belle manière.

Photo : Jeton Bakalli

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