Texte : Susanne van Hooft, Florian Baudouin et Bente van der Zalm
Photos : Bente van der Zalm

On se réveille ce matin toussotants et le nez bouché après une nuit particulièrement froide. La toux est peut-être due à la poussière qui reste partout à cause de la sécheresse. Il faudra faire abstraction de ces quelques désagréments, car ce dernier jour de festival sera à nouveau bien chargé, avec des artistes à découvrir ou à revoir. En ce dimanche, on verra Meau, Slow Crush, Sea Girls, Nova Twins, Sigrid, Cavetown, Bring Me The Horizon, Glass Animals, Dehd, Ho99o9 et Arctic Monkeys.

Comme hier, on commence la journée tout doux ! A midi, on découvre l’univers de Meau, jeune auteure-compositrice-interprète néerlandaise, qui connaît déjà un joli succès aux Pays-Bas, mais aussi en Flandres. Ainsi, la salle de la Marquee est déjà bien remplie en ce début de journée. On va découvrir un style folk-pop avec des textes en néerlandais. Meau chante en s’accompagnant d’une guitare acoustique, soutenue par les mélodies réverbérées d’une guitare électrique et des nappes de synthé qui donnent à tout cela un aspect atmosphérique. Ses compositions sont en majorité des ballades calmes dans lesquelles elle exprime ses sentiments. Parfois, on va tirer un peu sur le pop-rock avec quelques solos de guitare. Bente, une autre chanteuse néerlandaise, va même venir sur scène pour chanter un titre en duo. L’avant dernier titre “Dat Heb Jij Gedaan” sera repris de bout en bout par le public. A la fin de ce titre, Meau semble ne pas en croire ses yeux et est visiblement très émue. Certes, après un unique album Meau n’invente pas encore la poudre, mais elle porte remarquablement et de manière émouvante ses compositions, et c’est tout ce qu’on lui demande. (FB)

Meau

Tout de suite après, on fonce sur la scène du Club pour voir le set de Slow Crush, qui joue à domicile, dans une salle assez bien remplie. Dès les premières minutes, on cerne vite l’univers post rock/shoegaze dans lequel ils veulent nous emmener. C’est très atmosphérique avec beaucoup d’effets, de la reverb, une voix très douce qui utilisée à la manière d’un instrument se fond dans l’ensemble et rappelle un peu celle de Sylvaine. Les parties rythmiques de basse et de batterie apportent ce qu’il faut de lourdeur. Le public écoute tout cela avec attention, mais on attend un petit quelque chose en plus. (FB)

Slow Crush

Eh bien, vous en demandez beaucoup au groupe et au public à deux heures de l’après-midi quand le soleil tape fort. Imaginez que vous réveillez des gens qui ont mal dormi pendant deux nuits avec cette chaleur. Le groupe doit donc redoubler d’efforts et le public doit se dépasser un peu plus pour sortir de son état détendu. En soi, Sea Girls est un groupe qui se prête bien à cela. Pas très connus, mais tout de même des chansons que beaucoup de gens reconnaissent et l’indie rock est entraînant. Mais ils doivent se donner du mal. Vers la troisième chanson, quelque chose se passe à l’avant mais la seconde moitié du peloton reste en arrière.  Le fait que le guitariste Rory Young saute comme s’il était possédé et utilise toute la scène n’y change rien. Vers la fin, les chansons les plus connues comme « All I Want To Hear You Say » sont jouées et la foule se déchaîne. Ils auraient peut-être dû le faire plus tôt dans le set, car Sea Girls mérite davantage de réactions. (SH)

On connaissait déjà un peu l’univers de Nova Twins avant de les voir aujourd’hui, notamment en écoutant leur premier album “Who Are The Girls?”, sorti en 2020. Cela dit, on ne s’attendait pas à recevoir une telle claque ! Tout d’abord, les nombreux sons électroniques qu’on entend sont tous produits par la guitare et la basse du duo, sur lesquelles sont appliquées de nombreux effets. Le mix entre hip hop, RnB et metal, bien que peu commun, est particulièrement fluide et réussi. Il y a indéniablement beaucoup de talent chez ces deux filles, tant dans l’originalité du style et de leurs compositions, que techniquement, notamment lorsque la bassiste Georgia South utilise un ebow avec une dextérité déconcertante. Elles vont descendre à deux reprises jouer au beau milieu de la salle, qu’elles n’auront eu aucun mal à retourner. (FB)

Nova Twins

En passant, on voit une partie de la performance de Sigrid. Quelle femme professionnelle nous voyons là ! Tôt ce matin, le groupe est parti de Norvège pour se produire ici. Comme si de rien n’était, elle crée une fête avec le public dans la Marquee. Sa voix claire et son charisme naturel sont remarquables. Malheureusement pour les fans de Bring Me The Horizon, elle chante le single ‘Bad Life’, mais Oli Sykes ne vient pas chanter avec elle. (SH)

Nous avons eu une expérience très différente avec Cavetown, un chanteur issu de la scène pop conçue dans sa chambre. Beaucoup de gens disent qu’il faut absolument le voir, alors nous avons voulu le voir aussi. Sa voix est un peu rêveuse et elle convient bien aux chansons qu’on écouterait dans sa chambre. En live, le groupe leur donne un peu plus de punch. Le guitariste en particulier semble être un prof qui montre à Cavetown comment jouer sur scène et faire participer le public. Il y a suffisamment de fans qui accueillent les chansons connues avec une acclamation et chantent avec enthousiasme, mais ceux qui ne sont pas des fans vont être attirés avec difficulté. La performance de Cavetown montre que les chansons ne sont pas toujours meilleures en live et que parfois il vaut mieux continuer à les chanter chez soi dans sa chambre. (SH)

Cavetown

En fin d’après-midi, on repasse par la mainstage pour le set de Bring Me The Horizon, que l’on avait vu il y a un mois à la Halle Tony Garnier, à Lyon. On n’avait à l’époque pas tari d’éloges, tant le set et l’attitude du groupe avaient été convaincants. En ce qui concerne la performance en tant que telle, le groupe débute par le classique  “Can You Feel My Heart” afin d’avoir d’emblée l’attention de tout le monde avant d’enchaîner des titres issus des quatre derniers albums, surtout du dernier : “Post Human: Survival Horror”. On remarque que la voix d’Oli Sykes a un peu de mal à tenir sur la longueur et on se demande s’il ne fait pas chanter le public à de multiples reprises, justement pour s’économiser. Ce n’était pas du tout le cas lorsqu’on les avait vus il y a un mois, aujourd’hui on imagine mal que Sykes puisse tenir “Diamonds Aren’t Forever” après une heure et demie de show, par exemple. Ce fut également le jour et la nuit en termes d’attitude : Oli Sykes débarque avec un sweat à capuche qu’il ne va jamais retirer et une absence totale d’émotions positives au visage, peu d’interactions avec le public… Sans doute un jour sans, du moins on l’espère. (FB)

Bring Me The Horizon

Nous passons rapidement par le set de Glass Animals. On les retrouve dans une Marquee bondée. Ce n’est pas surprenant quand on pense que « Your Love (déjà vu) » est un grand tube de l’été et que « Heat Waves » a figuré dans la simulation de football FIFA 21. Les autres chansons du groupe ne sont pas moins accrocheuses et nous nous attendons à un set où les gens pourront danser sans interruption. Le chanteur Dave Bayley est un frontman sympathique, qui cherche constamment à établir le contact avec le public. Il souhaite à quelqu’un un joyeux anniversaire, lance des regards heureux dans le public et lance un ananas dans la foule à la moitié du set. Tous les ingrédients sont bons pour un grand spectacle, mais à la fin de la journée, il nous manque quelque chose. Tout est juste un peu moins accrocheur et le son moins propre que sur le disque enlève un côté pop. Le public est clairement convaincu et c’est toujours lui qui a raison à la fin. (BZ)

Glass Animals

Le trio Dehd venu de Chicago fait de la musique qui n’est pas facile à cataloguer. C’est un mélange de post-punk, de surf rock et de dreampop. Ils ont un certain nombre de chansons accrocheuses, comme « Lucky » et « Loner », qui conviennent bien à un festival comme celui-ci. Ce n’est pas trop compliqué à écouter et c’est facile de danser dessus. Dehd crée une atmosphère conviviale, même si la chanteuse Emily Kempf se traite de connasse parce qu’elle ne voit pas l’utilité du shapewear. Mais chacun son métier, dit-elle avec sagesse. (SH)

Après un joli show d’Oscar and the Wolf sur la mainstage, on change radicalement d’ambiance, puisque c’est dans l’univers déjanté des américains de Ho99o9 qu’on s’apprête à plonger, pour notre dernier passage sur le Backyard (snif). Après son premier album paru en 2017 “United States of Horror”, le groupe a sorti ce printemps son second opus “Skin”, produit par Travis Barker de Blink-182. Aucun instrument n’est présent sur scène. Eaddy, chargé d’assurer les parties de guitare, de basse et de synthétiseurs sera simplement armé d’un micro, et les parties instrumentales seront envoyées par theOGM, second chanteur, placé derrière des platines. Ce dernier est d’ailleurs grimé de façon inquiétante, avec des doigts griffus et un genre de cagoule qu”il va finir par retirer pour révéler un visage maquillé, ou un masque, on n’arrive pas trop à distinguer de là où on est. Mais Ho99o9, de quoi s’agit-il donc ? Eh bien c’est une infinité d’influences partant du hip-hop au metal, en passant par le punk. On résumerait ça par “une sorte de gros rap metal hardcore”. C’est de la folie pure : les deux compères hurlent et rappent avec rage sur des parties instrumentales metal avec de gros riffs menaçants en étant toujours très mobiles et en n’hésitant pas à se rapprocher du public, comme tous les groupes qu’on a vus sur le backyard, finalement. (FB)

Ho99o9

Les attentes sont grandes. Vendredi, nous avons vu beaucoup de gens avec des t-shirts Slipknot, aujourd’hui les t-shirts Arctic Monkeys dominent. La question est, bien sûr, de savoir quels Arctic Monkeys nous allons voir : allons-nous entendre beaucoup de vieilles chansons de leur répertoire, ou principalement des chansons de l’album plus doux Tranquility Base Hotel & Casino ? Bien sûr, nous ne sommes pas complètement dans l’ignorance, puisqu’ils étaient à Lowlands la nuit précédente et que certaines informations nous étaient déjà parvenues d’autres concerts. Mais de toute façon, ce soir, le suspense monte. Le groupe ouvre avec « Do I Wanna Know  » et cela donne le ton, car de nombreuses chansons de l’album AM sont jouées. Arctic Monkeys joue son set sur un rythme rapide, habilement et solidement, donc nous n’avons pas grand-chose à redire, mais pour être honnête, nous avions vu plus de passion plus tôt dans la journée. Mais là encore, Arctic Monkeys n’a pas besoin de conquérir le public, qui s’est abandonné dès les premières notes. Comme le public chante et danse avec eux, il y a une interaction, mais ce n’est pas tant l’initiative des membres du groupe eux-mêmes. Nous remarquons qu’à l’arrière, l’attention est même un peu relâchée. Heureusement, il y a suffisamment de tubes pour que les gens y retournent. (SH)

C’est ainsi que s’achève cette édition 2022 de Pukkelpop. On rentre chacun chez soi, aux Pays-Bas pour les uns, en France pour les autres, la tête remplie de mélodies et de souvenirs pour les prochaines semaines. Pas le temps d’être nostalgique de cette période de festivals car on va enchaîner dès la rentrée avec de nombreux concerts !

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