Texte : Florian Baudouin

On lance parfaitement l’été et la saison des festivals avec quatres concerts des Nuits de Fourvière ce mois-ci avant d’enchaîner sur Pukkelpop en août. Ce soir c’est le duo de blues rock originaire d’Ohio The Black Keys qui nous donne rendez-vous au Théâtre antique de Fourvière, accompagnés en première partie de Star Feminine Band. C’est notre première fois aux Nuits de Fourvière et on ne sait pas si c’est comme ça à l’accoutumée mais il y a énormément de monde, si bien que c’est le branle bas de combat chez nos amis de l’organisation pour fournir une place assise à tout le monde.

À 21h15 précises, Star Feminine Band fait son apparition. Il s’agit d’un groupe béninois féminin qu’on pourrait qualifier de world music amplifiée. Lorsqu’elles arrivent en s’exclamant immédiatement “ce morceau parle de la musique !” et commencent à chantonner “la musique c’est notre affaire, la musique c’est notre boulot”, on ne peut s’empêcher de sourire. Les morceaux peuvent à première vue refléter une certaine candeur mais on se rend vite compte que compte tenu de la condition féminine en Afrique et du fait que les groupes africains dans leur globalité soient archi peu représentés sur la scène internationale, voir un groupe africain exclusivement féminin c’est quelque chose d’énorme et la simple existence de ce groupe est un message fort pour l’émancipation des femmes africaines. Leurs textes engagés, chantés en français, waama et anglais traitent du mariage forcé, des droits de la femme, de ceux des enfants… Ils ont souvent un goût de “le mal c’est mal, c’est mieux de faire le bien”, mais comme dit, c’est déjà énorme que des femmes africaines se lèvent pour ces sujets avec une portée internationale. Ces textes se greffent sur une musique extrêmement festive sur laquelle les membres du groupe entraînent le public en dansant, notamment avec une danse traditionnelle béninoise accompagnée par les différentes percussions présentes sur scène. Elles communiquent souvent avec le public, comme lorsqu’elles déclament un discours à propos du droit des femmes et ce, toujours de manière enjouée. Il y a six membres du groupe : une batteuse, une bassiste, une guitariste, une claviériste et les deux chanteuses principales alternent entre diverses percussions traditionnelles. Soudain, elles annoncent leur dernier titre et on se dit “Wow, c’est passé vite quand même !”

Photo : Star Feminine Band

Pendant le changement de plateau, le public commence à s’impatienter et un petit groupe en fosse lance une ola, qui va vite être reprise par l’ensemble de la foule. Peu de temps après, L’obscurité se fait enfin, puisque les éclairages d’ambiance étaient restés allumées lors de la première partie, en plus de la lumière du jour. Le duo fait son apparition sur un sample aux basses assourdissantes, accompagné de musiciens de session : percussionniste (shaker et tambourin principalement), bassiste, guitariste rythmique et claviériste. Le guitariste Dan Auerbach demande d’emblée si tout le monde passe une bonne soirée puis enchaîne sur un premier riff à la fuzz grasse, celui de “I Got Mine”. Après avoir brièvement remercié le public, ils enchaînent avec “Fever” et le public s’en donne à coeur joie en tapant des mains avec enthousiasme. Auerbach réitère sa joie d’être ici et de jouer dans ce cadre magnifique.Auerbach utilise quelquefois un bottleneck du plus bel effet  qui accentue le côté bluesy des morceaux.En arrière plan du groupe, on alterne entre un mapping vidéo assez basique mais qui accompagne bien les morceaux et des plans live du groupe sous différents angles avec divers effets d’image. On remarque que le groupe est assez statique mais en réalité, ils n’ont pas besoin d’en faire des caisses pour nous embarquer et leur attitude sied parfaitement à leur style ! Soudain, les nuages gris qui se faisaient menaçants depuis le début de la soirée commencent à déverser une légère pluie pendant quelques minutes. Certains enfilent leur manteau quand la plupart du public accueillent la pluie comme un soulagement dans la chaleur accablante de ces derniers jours. Peu avant la fin du set, le groupe est rejoint par un troisième guitariste qui va jouer l’intro du morceau à la guitare acoustique puis troquer celle-ci contre une guitare électrique avec laquelle il va conclure le morceau par un magnifique solo double avec Auerbach. Ce dernier présente les membres du groupe en mettant un point d’honneur sur son compère batteur Patrick Carney. Après avoir interprété “She’s Long Gone”, le groupe remercie une nouvelle fois le public avant de s’éclipser, mais personne n’est dupe. En effet, ils reviennent rapidement pour interpréter Little Black Submarines, sous les acclamations du public puis conclure comme une évidence en faisant la fête avec Lonely Boy devant un public en délire. Nous qui n’étions pas extraordinairement familiers de la discographie de The Black Keys, ils ont su nous emballer sans aucune difficulté !

Photo : The Black Keys

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