Texte et photos : Florian Baudouin

En ce vendredi soir, c’est cette fois seul que je me dirige dans le centre lyonnais pour à la fois photographier un concert et en rédiger la review. La tâche s’annonce de taille ! Le concert à lieu au Périscope, lieu résolument singulier en ce qui concerne l’architecture de sa salle de concert et dont on ignorait littéralement l’existence jusqu’alors. On ne connaissait pas non plus les groupes composant l’affiche, tout au plus savait-on vaguement que Year Of No Light faisait du post-metal. Gardez donc à l’esprit qu’on arrive sur les lieux comme un cheveu sur la soupe avec une connaissance profane des protagonistes et de ce qui va se passer. 

Le concert commence à 21h. C’est un horaire complètement idéal en fait, parce que ça permet à tout le monde d’arriver sans se presser. Après quelques minutes d’attente devant la scène vide, quelques gentlemen juste à côté de moi s’exclament “Ah c’est l’heure, allez !” avant de sauter sur la scène. Je réalise donc amusé que pendant tout ce temps les membres de la première partie Untitled With Drums, venus de Clermont-Ferrand étaient juste sous mon nez. Ils ne vont pas tarder à rentrer dans le vif du sujet. Ils enchainent vite quelques premiers morceaux et j’avoue rester pensif un moment devant l’appellation de post-hardcore que je leur ai vue être attribuée quelque part. Je trouve surtout que ça sonne comme du grunge avec de la reverb, ce qui n’est en soi vraiment pas une mauvaise chose, ça ressemble presque à du Pearl Jam avec une voix saturée. MAIS, je vais être vite confondu, car vers la moitié du set on va opérer un revirement pour le moins abrupt. Le groupe joue un morceau purement post-metal tant dans l’ambiance atmosphérique et mélancolique que dans la durée du morceau. C’est bien simple, on croirait entendre du Sylvaine ! (Et si vous connaissez pas Sylvaine, ben allez écouter, ça claque). 
A partir de là, on restera dans ce registre. On note une grande variété dans les morceaux et les rythmes proposés, comme cette balade qui nous désarçonne par son contretemps. Le dernier morceau est complètement stoner, avec un rythme très lent et peu d’accords. Le morceau s’accélère à partir du refrain avant de redescendre dans un registre plus post avec une partie instrumentale faisant appel à la guitare lead et sa reverb. Le groupe nous quitte sur fond d’effets cacophoniques. En somme, Untitled With Drums est une belle découverte et on n’a pas de mal à comprendre pourquoi ils ont fait la première partie de Deftones aux dernières Nuits de Fourvière.

Après avoir fait leur changement de plateau en se frayant un chemin à travers la foule, Year Of No Light est fin prêt à commencer. Sur scène, ils sont six. On remarque la présence sur scène d’une batterie certes, mais aussi d’un deuxième kit de percussions, ce qui ne manque pas d’éveiller ma curiosité. Les voilà qui commencent. On va déjà très rapidement se rendre compte qu’il s’agit d’un groupe instrumental (car on le rappelle, on ne savait pour ainsi dire rien sur eux) et aussi qu’on est en face d’une véritable œuvre d’art en plusieurs dimensions. De la musique bien entendu, mais il y a autre chose. Du théâtre ? Pas vraiment, il n’y a pas vraiment d’acting, pas vraiment de narration… C’est comme si on voyait une immense toile vivante, se développer, évoluer et s’évanouir sous nos yeux. L’ambiance et le nom du groupe sont en parfaite adéquation. Souvent des lumières tamisées, un bleu sombre, et on imagine sans problème des décors postapocalyptiques après que le soleil s’est éteint, laissant une Terre désolée, peuplée d’étendues désertiques glaciales. Les tableaux qu’ils nous proposent prennent leur temps pour se construire. Ils font monter la tension quelques minutes, la plupart du temps avec des mélodies de guitares accompagnées d’effets inquiétants. On brode, on développe, on accélère, on ajoute quelques nappes de claviers par-ci, par là, parfois le claviériste va s’installer derrière le kit de percussions dont on parlait plus tôt pour renforcer l’aspect rythmique, sans jamais en faire trop.
Après, forcément et c’est souvent le cas avec la musique instrumentale, ça peut sembler long sur la fin et a fortiori pour la musique instrumentale hyper progressive comme ici, avec des morceaux atteignant sans mal les 15 minutes. Il faut seulement se laisser happer et faire travailler son imagination. Ca peut demander quelques efforts, mais oui ça vaut le coup.

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