Texte : Bente van der Zalm
Photos : Florian Baudouin

Il semble que la scène métal soit de mieux en mieux représentée à CHAOS France. Ainsi soit-il. Il y a quinze jours, l’équipe avait déjà assisté à une soirée avec quatre groupes de metal. Et ce soir encore, nous assistons à un concert de metal. Cette fois-ci, on assiste à l’un des plus grands concerts de metal que l’on peut espérer voir à Lyon en 2023. Le concert de Gojira à la Halle Tony Garnier, chez nous. Le concert devait initialement avoir lieu en 2021, juste après la sortie de l’album, mais a été reporté pour des raisons logiques. La première partie du concert sera assurée par les Anglais d’Employed To Serve et par Alien Weaponry, venus de Nouvelle-Zélande.

Employed To Serve ouvre la grande scène et donne l’impression que ce n’est pas leur première fois. Bien sûr, ce n’est pas le premier soir de la tournée, mais on remarque aussi que le groupe a déjà beaucoup d’expérience. Le groupe originaire de Woking, au Royaume-Uni, construit sa réputation depuis près de 12 ans et c’est ce qui les amène dans cette belle salle. Avec quelques artifices et leur musique, ils font rapidement bondir le public des premiers rangs. Bien sûr, le fait que le public soit de bonne humeur et impatient de se déchaîner avec Gojira n’ y est pas pour rien.

Malheureusement pour eux, nous devons attendre un peu plus longtemps, car l’heure est d’abord à Alien Weaponry. Pas de quoi s’inquiéter trop longtemps car on découvre rapidement que ce trio parvient à faire beaucoup de bruit à eux trois. Ils ne manquent pas non plus de flatteries : « Vous êtes bien meilleurs qu’hier soir au Luxembourg ». Est-ce vrai ? On ne le saura jamais. Nous avons même droit à la chanson Rū Ana Te Whenua. La première chanson qu’ils ont écrite dans leur propre langue et dédiée à leur arrière-arrière-arrière-grand-père. Nous n’avons pas à nous plaindre.

Après une courte pause, l’écran s’allume soudainement et un grand compte à rebours de 180 secondes y apparaît. Un murmure tendu se fait entendre dans la salle. « Regarde, ça commence bientôt ! », entendons-nous une voix enthousiaste en face de nous dire à son voisin. En regardant ensuite un peu plus autour de nous, nous constatons que Gojira attire un public à la fois restreint et large. La plupart sont des hommes et des blancs, mais à notre gauche, nous apercevons quelqu’un portant un pull à paillettes et à notre droite, une veste en cuir. C’est de bon augure pour la soirée. Lorsque nous arrivons à 10 dans le compte à rebours, le public commence à compter en masse. Trois ! Deux ! Un !!! Ça commence.

Le groupe s’enflamme immédiatement (littéralement). Rien de tel que de commencer tranquillement, tout de suite plein gaz. Avec une combinaison de metal dans une grande salle, accompagnée de fumée, de feu, de confettis et d’animations et de vidéos en arrière-plan, nous pourrions presque penser qu’il s’agit d’une sorte de « Rammstein français » bon marché. Heureusement, nous découvrons rapidement que nous ne pouvions pas avoir plus tort. Gojira est un groupe de metal qui fait ce qu’il faut pour garder son public enthousiaste. Tout tourne autour de la musique et le reste n’est autre que du support.

Gojira existe depuis 25 ans et nous voyons clairement un groupe expérimenté qui se connaît parfaitement. Les échanges ne manquent pas et on a l’impression que le groupe fait beaucoup de farces et de blagues dans les loges. Chaque membre du groupe a beaucoup d’espace et le batteur Mario Duplantier, frère du chanteur Joe Duplantier, semble être un plaisantin qui a beaucoup d’occasions de briller.

Le public est enthousiaste ; il y a beaucoup de pogos et de crowd surfing et les contrôleurs de foule ne semblent pas avoir une seconde de repos. Le groupe est fort et divertit la salle. Un seul bémol : la voix de Joe Duplantier, qui n’est pas tout à fait en forme ce soir. Vers la fin du concert, on apprend qu’il s’en rend compte lui-même : « Lyon ! Vous n’avez pas très bien chanté pendant la dernière chanson… Moi non plus. Je suis fatigué. » A ce moment-là, nous sommes invités à chanter à tue-tête un « mantra de chagrin » lors de « The Chant ». Ainsi, le public compense le manque de la chanson précédente, mais Joe Duplantier lui-même pas tout à fait. C’est ce que c’est. Une voix reste vulnérable et humaine. C’est mieux qu’un concert (encore) reporté. On ne peut qu’espérer que lorsque le groupe reviendra dans la région pour musilac sa voix sera plus en forme. Reste que Gojira a livré une performance plutôt extraordinaire et ils quittent la scène alors que le public continue de chanter le refrain de The Chant pendant plusieurs minutes.

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