Texte : Bente van der Zalm
Photos : Florian Baudouin

Aujourd’hui, nous avons l’honneur d’assister au concert d’Emma Ruth Rundle. Le concert a lieu à l’Epicerie Moderne de Feyzin, qui revêt aujourd’hui la forme d’un théâtre. Le public est déjà assis à temps pour être enchanté par les chansons tranquillement mélancoliques d’Emma Ruth Rundle. La première partie est assurée par la talentueuse Jo Quail.

Les seuls instruments sur scène avec Jo Quail sont un violoncelle électrique et un looper. Avec ces seuls instruments, elle parvient à composer des morceaux de musique impressionnants, qui commencent tout petits et se développent jusqu’à un point culminant de perfection. C’est logique, car avec le looper, elle ne cesse de superposer de petites couches qui ne représentent pas grand-chose en soi, mais qui, ensemble, constituent des œuvres d’art instrumentales hypnotiques. Le violoncelle est utilisé d’une infinie variété de façons. Elle alterne le jeu entre le staccato et le legato, entre la mélodie et le rythme et entre l’aigu et le grave. C’est comme si nous étions là quand elle crée un tableau et que chaque petit coup de pinceau créait un Picasso. Le point culminant pour nous est le troisième Jo Quail prend son temps et elle et le public sont complètement absorbés par ce processus de création musicale. Elle semble si calme et paisible que nous sommes surpris lorsqu’elle informe le public qu’elle ne se sent pas très bien aujourd’hui et qu’elle ne peut donc pas jouer de manière optimale. Si ce n’est pas optimal, nous sommes très curieux de savoir ce qu’il en serait autrement.

Après une courte pause, c’est l’heure de la prestation attendue par tous : Emma Ruth Rundle. Au lieu de prendre place tout de suite derrière le piano, elle commence par un petit discours d’introduction. Elle y explique que lors de cette tournée, elle jouera son dernier album Engine of Hell dans son intégralité. Cet album ne contient que huit chansons, nous sommes donc préparés à un set court. Elle prend ensuite place derrière un piano à queue pour commencer l’intro de Return. Nous voyons ici une Emma différente de la timide Emma qui a donné une allocution maladroite une minute plus tôt. Elle est confiante et n’a pas peur de chanter fort. Nous découvrons une voix qui est à la fois féroce et intense. Cette voix, associée au piano rêveur, a quelque chose de féerique et nos pensées s’évanouissent. Tout comme celles d’Emma Ruth Rundle apparemment lorsqu’elle s’assied derrière la guitare et veut commencer à jouer l’intro de Razor’s Edge. Le rythme n’est pas très régulier et elle le remarque elle-même. Elle raconte l’anecdote d’avoir entendu son père lui dire d’utiliser un métronome, mais elle est elle-même convaincue que la musique est plus une question de sentiment que de rythme. Elle n’a aucun mal à faire rire et à divertir le public entre les chansons. Elle le fait bien, car il n’est pas facile pour un public de rester assis pendant deux heures. Pourtant, cela ne semble pas être un problème ce soir. Lorsque nous arrivons à Citadel dans le set, nous sommes accueillis avec déception. Comme Jo Quail ne se sent pas assez bien, elle ne peut pas accompagner ce morceau ce soir, alors qu’elle le fait d’habitude. Nous étions très curieux de voir à quoi cela ressemblerait, car la voix particulière d’Emma Ruth Rundle et le violoncelle de Jo Quail semblent être une combinaison de rêve et ça aurait été un changement bienvenu entre les chansons, qui sont quand même toutes dans le même registre. 
Quand l’album se termine, c’est l’heure du rappel. Aujourd’hui, elle a décidé de faire quelque chose de différent de d’habitude et de jouer une chanson qu’elle n’a pas jouée depuis quatre ans. Il s’agit d’une chanson intitulée Dark Horse qu’elle a écrite pour sa sœur, car elle a été très importante pour elle. Puis ce fut l’heure du dessert : sa chanson la plus célèbre, Marked For Death, avant de « rentrer ensemble à la maison ».

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