Ce n’est un secret pour personne, le contexte sanitaire actuel a bouleversé bon nombre de nos habitudes, et à bien plus forte raison pour le monde de la musique. Plus de concerts jusqu’à on ne sait trop quand, moins de nouvelle musique à découvrir, bref, nous voilà bien démunis.

C’est pourquoi, en attendant d’avoir plus de contenu à se mettre sous la dent, nous vous proposerons une fois par semaine, un retour sur les principales interviews que nos confrères hollandais ont donné.

En espérant se retrouver dans le pit le plus rapidement possible.

Texte original : Susanne van Hooft
Photos : Bente van der Zalm
Intro : Florian Baudouin


Les imprévisibles Enter Shikari jouent à Jera On Air ce mois-ci, aux côtés de groupes tels que Sum 41, Fever 333 ou As It Is. Les concerts d’Enter Shikari sont comme des montagnes russes, avec énormément d’énergie et parfois un moment de calme et quelques frissons. CHAOS Music Magazine a pu discuter avec le guitariste Rory Clewlow et le bassiste Chris Batten dans leur loge avant le concert à Tilburg en mars dernier.

Musicalement, Enter Shikari emploie beaucoup de variation en termes de tempo, de dynamique, de chant et d’instrumentation, en résultant une musique un peu chaotique. On adore le chaos, mais est-ce que Chris et Rory sont d’accord avec cette observation ?

Chris : Que notre musique est chaotique ? Ouais, je pense que les premiers albums l’étaient. Au début, on voulait être les plus tarés, ou les plus bruyants, les plus techniques, simplement pour essayer de nous dépasser. On voulait être sûr de sortir du lot. Alors oui, il y a clairement des moments chaotiques dans le set. Mais notre dernier album a clairement été plus calme.

Rory : On a essayé de simplifier la structure de nos chansons. Par le passé, on se permettait d’explorer beaucoup d’idées dans une seule chanson. Alors on essaie de mettre un peu la pédale douce maintenant. On essaie juste de faire des bonnes chansons, mais ouais, je mettais aussi beaucoup de chaos, comme vous dites. Ca vient du fait qu’on ait grandi dans des environnements musicaux très variés, où on côtoyait tous styles de musique et on est fans de chacun d’eux. Ça se voit dans nos influences et ça façonne notre musique pour la rendre très variée.

C : On écoute tous un tas de musiques différentes. On avait une scène locale très prospère là où on a grandi. On avait une petite salle, dans un club de jeunesse, qui s’appelait The Pioneer Club. On était assez chanceux que les groupes fassent l’effort de venir y jouer. On a lancé une société de promotion avec l’objectif de booker les groupes qu’on voulait voir. Donc ça a toujours été une grosse partie de notre développement.

R : Il y a eu un paquet de moments dans notre carrière où on a découvert de la nouvelle musique. The Prodigy, Radiohead et Muse, à leurs tout début. Ils ont tous un peu forgé notre musique.

Rory Clewlow

Vous avez dit que The Spark est un peu plus calme que les précédents albums. Pour moi, le changement est assez énorme. Pouvez-vous m’en dire plus sur ce processus ?

R : On a toujours des chansons sur les albums qui ressemblaient un peu à ce qu’on a fait sur The Spark. Avec cet album, on s’est dit : Ayons juste une sorte de vision. D’habitude, on voulait juste faire tout ce qu’on pouvait, montrer tout ce qu’on savait faire. Cette fois-ci, on s’est dit qu’on n’avait plus rien à prouver, alors on a juste essayé d’opérer un grand changement.

C : Ouais, regarde la composition. On était plutôt scientifique sur les précédents albums. On pouvait passer de la mélodie à la frénésie, de quelque chose de doux à quelque chose de plus heavy. Alors on s’assurait d’avoir coché toutes les cases. Avec cet album, c’est un peu l’inverse.

R : Par le passé, on faisait de la musique de manière intuitive. Juste en écrivant ce qu’on ressentait, et en assemblant tout ça pour faire un album et s’assurer qu’on cochait bien toutes les cases. Mais avec ce dernier album, je suppose que c’est un peu plus réfléchi, un peu plus dans les clous.

C : Je me rappelle quand Rou (Reynolds) est arrivé la première fois avec sa démo. Il ne nous avait jamais vraiment dit qu’il avait une vraie vision. Il est arrivé avec ‘Live Outside’ et là on pouvait voir qu’il avait vraiment une direction en tête.

Chris Batten

 Ça a l’air plus facile.

C : Hm, je pense qu’on est devenu plus confiants. Et pour la première fois Rou était plus confiant à l’idée de s’ouvrir dans ses paroles. Avant, elles étaient basées sur de grands problèmes de société, mais pas tellement sur des trucs personnels. Cet album était bien plus personnel, et je pense que ça a conduit la musique à être un peu plus, pas simplifiée, mais passionnée.

Tu as parlé des paroles, est-ce que tu considères que c’est important que votre auditoire les comprenne ?

R : Je sais pas, je pense qu’on a tous des avis différents là-dessus. Pour moi, du moment que les gens viennent et apprécient la musique, ça me va. S’ils comprennent les paroles et qu’en quelque sorte, ils les creusent, c’est super, parce que je pense que Rou est excellent dans l’écriture. Il écrit sur des sujets vraiment intéressants. Mais si tu n’écoutes pas les paroles, c’est pas grave, apprécie simplement la musique. Du moment que tu écoutes la guitare ! (Rires)

Est-ce que vous avez déjà une idée de la direction qu’est en train de prendre votre musique ?

R : On est à la fin du cycle de cet album. On a cette tournée, et on a des festivals qui nous attendent cet été. Il y a des idées, Rou a travaillé assez dur sur ces idées. C’est encore un peu tôt pour le dire. Ça ne peut pas être trop éloigné de « The Spark », ce ne sera probablement pas un aussi grand bond qu’après « The Mindsweep »

Chris Batten

C : Peut-être une chose que les gens peuvent trouver intéressante, c’est qu’on est en train de réfléchir aux prochains enregistrements et que pour la première fois ils seront autoproduits. C’est très excitant, parce que ça permet d’encore plus contrôler les choses.

Pourquoi avoir décidé de faire comme ça ?

C : Je pense que maintenant nous sommes tous assez confiants quand il s’agit de production. Si on a une idée, on veut la sortir assez rapidement plutôt que d’avoir à l’expliquer et la traduire. Pas que qui que ce soit avec qui on a pu travailler avant nous aie limité d’une manière ou d’une autre, mais on veut travailler comme on en a envie.

Enter Shikari Live
Enter Shikari Live

Entretien réalisé en mars 2018 par Susanne van Hooft

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