Texte : Jaap van Hamond

Il y a longtemps que l’on n’avait pas vu un tel battage autour d’un premier album comme celui du duo britannique d’indie rock Wet Leg. Et bien que l’album soit rempli d’accroches imparables, de paroles hilarantes et de composition divertissante, l’image que les deux comparses donnent d’elles-mêmes est quelque peu vague.

Wet Leg, composé de Rhian Teasdale et Hester Chambers, est originaire de l’île de Wight, juste à côté de la côte sud de l’Angleterre, où, malgré la culture villageoise, il existe une scène musicale animée, notamment le festival de l’île de Wight (alias « le Woodstock anglais »). Le premier single « Chaise Longue » est arrivé en 2021 et a attiré l’attention du public grâce à ses paroles absurdes ( » Is your mother worried ? Would you like us to assign someone to worry your mother ? ») chantées sèchement par Teasdale, avec un instrumental féroce en arrière-plan. Plusieurs singles ont suivi et maintenant un album, intitulé comme le groupe lui-même. Et pour l’essentiel, il poursuit ce qui était promis dans les singles : de l’indie rock simple mais très divertissant avec une touche de renouveau post-punk. Le groupe influent Pavement vient à l’esprit, mais Wet Leg parvient à se démarquer grâce à l’union improbable entre l’absurde et le reconnaissable. Le déni de soi, les ex agaçants, les troubles de la vingtaine, tous des sujets familiers, mais Wet Leg y apporte sa propre touche sarcastique :  » The world is caving in, and I’m kinda struggling, I kinda like it cause it feels like being in love  » (Le monde s’écroule, et je suis en train de me débattre, j’aime ça parce que ça ressemble à l’amour), c’est ce qu’on entend sur le premier morceau « Being in Love ». 

Bien que « Wet Leg » ne semble pas manquer de sincérité une seule seconde, il manque parfois un peu d’identité. Prenez le long cri à la fin de  » Ur Mum « , qui aurait pu être une véritable explosion (à la « I Know The End » de Phoebe Bridgers) mais qui, au lieu de cela, s’attarde gentiment au fond du mix. On se demande qui sont Teasdale et Chambers derrière les paroles pleines d’esprit, les mélodies de guitare accrocheuses et la batterie solide.

Cela n’enlève rien au fait que Wet Leg est tout simplement amusant à écouter. Ils sont désinvoltes dans leur insolence, habiles dans leur jeu et efficaces dans leur écriture. Il ne nous reste plus qu’à espérer qu’à l’avenir, ils auront un peu moins le dos tourné que sur la pochette. 

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