Villagers compose une ode aux rêves avec Fever Dreams

Texte : Arjen Bloem

Tout le monde a eu la grippe à un moment ou à un autre, et s’endormir pendant une telle période de nausées, de maux de tête et de rêves fébriles qui s’ensuivent n’est pas seulement désagréable. C’est aussi une forme d’ivresse psychédélique. Au réveil, la plupart de ce que vous avez fantasmé a disparu dans le pays des rêves. C’est exactement le sujet de Fever Dreams de Conor O’Brien, la tête pensante de Villagers.

O’Brien semble aborder toutes les chansons comme un peintre. Avec un souci du détail, de fins coups de crayon sont appliqués sur la toile. Le sixième album studio du groupe indie-folk de Dublin offre à l’auditeur des paysages sonores riches et raffinés, comme dans So Simpatico qui se transforme à la vitesse de l’éclair en une plaisante chanson pop, dans laquelle le fulgurant solo de saxophone maintient tous les éléments ensemble, mais refuse de prendre le dessus. O’Brien ajoute : « Plus j’en sais, plus je me sens concerné ». Une phrase qui revient dans plusieurs chansons.

Le titre The First Day est suivi d’un ensemble quelque peu grandiloquent. Un xylophone pétillant, complété par des cors, des cordes, une batterie uptempo à la Surfjan Stevens et un chœur qui rappelle une version adoucie de l’album Turn Blue des Black Keys. Une atmosphère similaire est créée dans Song in Seven, dans laquelle les sons extraterrestres sont fortement présents. Détail intéressant : la chanson est née lors du festival Into the Great Wide Open, sur l’île néerlandaise de Vlieland en 2019. C’est ce que l’on peut déduire des paroles et d’une déclaration de O’Brien, qui raconte dans une annonce de l’album que la chanson est née après une baignade « sur une île néerlandaise ». Les paroles suivent : « C’était un super concert, mais il y avait tellement plus à connaître. Nous sommes donc tous allés à la plage, au bord de la chaude mer du Nord. »

Le titre Fever Dreams est un agréable mélange de toutes sortes de sons, de tonalités et de voix-off ; même une boîte à musique a été sortie du placard. C’est le classique rêve fébrile, qui rend le souvenir vague. Renforcé par des voix qui répètent la référence précédente de “So Simpatico” : « plus j’en sais, plus je me sens concerné ». Même en gaélique. Le point culminant personnel est l’onirique “Full Faith in Providence”, dans lequel un jeu de piano langoureux se mêle à une évasion euphorique avec la chanteuse invitée Rachael Lavelle. Dans cette chanson également, O’Brien chante la phrase, qui est devenue une affirmation, « plus j’en sais, plus je me sens concerné ».

Avec Fever Dreams, Villagers propose une ode aux rêves. Tout est possible et fébrilement déroutant ; d’une manière agréable. C’est peut-être l’album le plus atypique que le groupe ait fait. 

Domino / V2

Photo : Rich Gilligan