Texte : Jaap van Hamond

Le nouvel album des auteurs-compositeurs indie pop nord-irlandais est leur travail le plus direct et le plus ciblé à ce jour. Inspiré par des géants de l’indie tels que Broken Social Scene et Radiohead, If I Never Know You Like This Again est une excursion dans les souvenirs formateurs d’un jeune artiste qui traite son passé avec une attention perspicace au quotidien.

2015 a été l’année du premier album couronné de succès Before We Forgot How To Dream, alors qu’adolescente, Bridie Monds-Watson est devenue la plus jeune nominée au Mercury Prize de tous les temps. Mais avec une telle reconnaissance viennent de grandes attentes, et la hype se retourne souvent contre soi, SOAK dit de leur deuxième album de 2019, Grim Town :  » J’ai senti la pression et j’ai essayé trop fort, je ne pense pas que j’écrivais vraiment pour moi-même « . Mais avec l’album numéro trois, If I Never Know You Like This Again, ils se sont enfin libérés de cette pression, et le résultat est plus subtil mais confiant, débordant de joyaux mélodiques et de compositions convaincantes.

Avec leur voix reconnaissable, SOAK évoque des paysages entiers à partir de leurs souvenirs, puis les imprègne de l’émotion qu’ils ont ressentie à ce moment-là. Il en résulte leurs textes les plus personnels, qui ont en même temps un attrait universel. « Comment vivre le moment présent alors que j’en redoute la fin ? » est la question posée dans le single principal « Last July », et c’est le thème central de If I Never Know You Like This Again : rien ne dure éternellement. Mais tout peut être stocké pour être ravivé plus tard. En photos, en vidéos, et assurément en musique.

Comme le suggère le titre de l’album, If I Never relate également la quête tumultueuse de l’identité de Monds-Watson. C’est un voyage insouciant décrit avec humour comme dans « Purgatory » : « A partir de demain, je vais être réglo, je ne dirai plus de choses pour ne rien dire », mais aussi avec désespoir comme dans « Pretzel » : « J’oublie toujours mon nom, c’est absurde. Je perds encore la boule », une chanson sur une première expérience avec les drogues au cours d’une année très difficile. Le point culminant est ‘Neptune’, une chanson de presque sept minutes. C’est le point culminant atmosphérique de l’album. L’absence de chant pendant la majeure partie de la composition laisse toute la place à la brillante mélodie, soutenue par des synthés vacillants et des guitares distordues.

La musique de If I Never Know You Like This Again est celle d’un groupe qui croit intensément aux chansons de Monds-Watson. Des harmonies vocales bien placées, une batterie agréablement compressée, des synthés colorés mais surtout des mélodies solides comme le roc élèvent les chansons saisissantes de Monds-Watson à un niveau jamais atteint auparavant. L’album n’est pas ennuyeux à écouter un seul instant et tient toutes les promesses de 2015.

SOAK sera en tournée au Royaume-Uni et en Irlande à partir du 25 mai.

Rough Trade

¨Photo : Sam Hiscox