Texte : Paul van der Zalm

Oui, on peut faire tomber la pression. Les quatre amis de Shaemless (Tom Brouwers à la guitare, le batteur Cyril Rommens et le leader Daan Sturm se connaissent depuis l’école primaire, le bassiste Pepijn Rondo Guasque les a rejoints plus tard) ne pouvaient pas choisir un meilleur moment que maintenant pour sortir enfin leur premier album tant attendu, ‘SUUZ’, qui avait déjà été annoncé en mai de l’année dernière.

Le fait que cela ait pris autant de temps est assez étonnant, car depuis 2012, ces messieurs nous ont montré leur potentiel avec les EP I, II, III et IIII. Mais pour la sortie d’un album, bien sûr, un certain nombre de choses sont essentielles : 1. suffisamment de bonnes chansons pour remplir l’album, 2. le financement et 3. trouver un bon moment pour la sortie.

Pour réaliser ce premier point, le groupe a profité du confinement en 2020 pour se mettre sérieusement au travail, dans le sous-sol de leur pub préféré de Nimègue et dans leurs propres Twinsound Studios. Le single « Appreciate » en témoigne, car l’incertitude et l’impuissance de cette période constituent la base de cette chanson. Il s’agit d’une chanson rapide, brutale et musicalement intéressante, avec un délai à la fin. Il n’est donc pas surprenant que nous ayons présenté cette chanson comme un « temps fort » en avril 2021, tout comme « (I don’t need a) Weakness » en août.  Le conseil que nous donnions alors est toujours valable : « Levez-vous, fermez les yeux, sautez partout et criez les paroles ». En termes de son, cette chanson évoque des associations avec le travail plus rude des Doors et on l’entend un peu dans le très long (et se terminant par un refrain a capella) morceau « Fingerlicking », l’un des points forts de l’album. Mais plus encore, on y entend le Weltschmerz de l’ancien Nick Cave ou plus récemment de The Murder Capital. Ce dernier groupe est une bonne référence pour l’ensemble de l’album, bien que Shaemless sonne un peu plus épicé que par exemple un groupe comme Idles ou….. Shame.

Le morceau d’ouverture « White Statues » est une entrée énergique, avec des voix criardes et une fin abrupte ; remarquable est le son de synthé au début du morceau. « London » est également un morceau fort où l’accélération est forte et qui semble dérailler agréablement. Le fait que Shaemless soit un vrai groupe de guitares est mis en valeur dans ‘End of Conversation’ où le chant ressemble à celui d’Iggy Pop dans ses années folles. Et avec ‘Build Up The Shame’, construit autour d’un riff anguleux, le quatuor montre de manière convaincante qu’il n’a pas à avoir honte d’un groupe post-punk britannique ou irlandais. Cela vaut également pour la qualité d’enregistrement de l’album : on a l’impression que le groupe est en direct dans votre salon. Crédits pour Matthijs Kievitt (production) et Alex Geurink (mastering).

Tout comme les membres du groupe eux-mêmes, nous sommes impatients de les revoir sur scène et de mosher avec eux ; le moment de la sortie est donc bien choisi. Reste le financement : il est assuré en partie par le crowdfunding et bien sûr, vous pouvez aussi contribuer en achetant l’album auto-produit…

Un dernier avertissement : ne prenez pas WDR – 5 (piste 7) comme référence. Il s’agit d’un intermezzo ludique et ambiant comprenant une partie de violon et des samples allemands qui semble être inspiré par l’origine géographique du groupe.

AE-E Records 

Photo : Ivana van der Zant