Texte : Lucy Tessier

Une célébration de l’auto-introspection, Pale Waves sort « Who Am I? »

En s’aventurant dans une nouvelle ère sonore passionnante, les maîtres de la synth et de l’indie pop originaires de Manchester, Pale Waves, sont de retour avec leur deuxième album « Who Am I? » Réveillant les sons perdus des années 90, cet album rend hommage au pouvoir de l’acceptation de soi et de la progression, alors que le groupe se plonge dans un nouveau chapitre de son parcours musical. 

Il n’y a rien de plus gratifiant que de voir un groupe passer de l’anonymat à la domination de diverses scènes musicales internationales. Ayant découvert Pale Waves après la sortie de leur tube intemporel « There’s A Honey », il y avait quelque chose d’indéniablement iconique et d’exaltant dans ce groupe. Ce qui ne pouvait être décrit que comme l’enfant issu de l’amour musical de The Cure et The 1975, le quatuor à chant féminin a été signé sur le label Dirty Hit de The1975 et le reste appartient à l’Histoire… Après deux ans d’attente, Pale Waves a sorti son deuxième album « Who Am I ? »; cet ajout à leur discographie équilibre les sentiments de vulnérabilité et de douleur avec honnêteté et liberté, alors que le groupe s’efforce d’unifier et de renforcer sa fanbase. 

Dès la première écoute, il est impossible de ne pas avoir les refrains irrésistiblement accrocheurs de certaines chansons de l’album qui résonnent dans sa tête pendant des jours, et Pale Waves y parvient dès le départ. Le premier single sorti de l’album, « Change », est le parfait brise-glace d’une nouvelle conception du son et d’une nouvelle ingéniosité lyrique. Confronté à la fragmentation angoissante d’une relation, ce morceau reprend l’influence de la reine de la pop grunge des années 90, Avril Lavigne, avec les cordes d’une guitare acoustique contre le chant magnifiquement chaud de Heather Baron-Gracie. « I wish I’ve never seen your face, but hey / You’ve hurt me a thousand times before », chante Baron-Gracie alors que la chanson présente un contraste doux-amer entre ses instrumentaux flottants et ses paroles cyniques – le morceau permet aux auditeurs de tester les eaux de la nouvelle direction du groupe.

Alors que « My Mind Makes Noises », le premier album de Pale Waves, est centré sur les relations et les amours perdues, la diversité des thèmes abordés dans « Who Am I? » montre à quel point ce groupe a mûri et s’est développé. Avec des chansons qui font mal au cœur et aux sentiments désespérés comme « Fall To Pieces », « Wish You Were Here », « Change » et « Who Am I? », il y a un net contraste avec des titres plus festifs comme « Run To », « Easy », « She’s My Religion » et « Tomorrow ». Se complétant inextricablement, « She’s My Religion » et « Easy » incarnent l’imagerie des feux d’artifice de la fin d’une comédie romantique des années 90 ou d’un coming-of-age movie – ce sont les chansons de l’album qui plaisent au public et qui rendent encore plus forte notre envie de les chanter en concert. Cependant, à chaque album extraordinaire, il doit y avoir une chanson qui fait pleurer et « Who Am I ? », la dernière chanson du disque, offre un spectacle exceptionnel de fragilité avec une ballade au piano et aux cordes. « Qui suis-je ? / Il me faut un signe / Quelqu’un le sait-il ? » chante Baron-Gracie qui résume toutes nos angoisses d’adolescents les plus sombres dans un final puissant. C’est glorieusement émouvant.

Dire que les fans de Pale Waves sont fidèles au groupe est un euphémisme – ils vivent et respirent pour leur art. Un groupe qui s’est toujours écarté de la norme sur le plan esthétique et musical, ils sont les défenseurs de l’orgueil personnel et de l’expression, ce qui a été salué dans les chansons « Odd Ones Out », « You Don’t Own Me » et « Tomorrow ». Il ne fait aucun doute que ces chansons ont été dédiées à la fanbase du groupe avec l’explosion rebelle et magnifiquement chaotique des guitares distordues dans « You Don’t Own Me », aux côtés de la force révolutionnaire et édifiante du morceau « Tomorrow ». Il est temps que les artistes LGBTQ+ écrivent plus ouvertement sur leur sexualité, et Pale Waves change la donne avec des chansons comme « Odd Ones Out » qui s’articule autour du thème de défier les obstacles d’une relation malgré les critiques des autres. Grâce à des efforts musicaux glorieux comme ceux-ci, Pale Waves parle au nom de ses fans et les encourage à honorer le pouvoir de leurs propres voix, ce qui en fait l’un des groupes indie-pop les plus puissants à ce jour. 

Avec une tournée prévue pour le début de l’année 2022, la sortie de « Who Am I? » sera certainement accueillie sous différents angles. Il semble intéressant de savoir si leur nouveau son sera apprécié par leurs fans, car ils présentent un disque qui rayonne de chaleur, de bien-être, de maturité et d’honnêteté. La dernière sortie de Pale Waves est un voyage dans l’esprit de Baron-Gracie et de ses excursions de découverte de soi, interprétées musicalement comme des leçons de vie pour les fans nouveaux et anciens. À la lumière de cela, il y a une ironie subtile dans le titre de l’album – Pale Waves savent exactement qui ils sont et leur mission artistique, et nous sommes impatients de les voir se lancer dans cette nouvelle aventure musicale remarquablement alléchante. 

Dirty Hit