Paul van der Zalm

Alors que les oiseaux tombent des toits à cause de la chaleur, mes pensées remontent à un après-midi très froid de janvier à Groningue pendant l’Eurosonic. Cet après-midi-là, nous avions découvert que Loupe donnait une représentation dans le cadre du programme parallèle. Nous étions très curieux car il s’agissait d’un prélude au premier album qui sortira enfin aujourd’hui. Et bien qu’il s’agisse d’un public restreint, le quatuor avait joué à la perfection et, ce faisant, donné une impressionnante carte de visite.

Pour ceux qui ne le savent pas encore, Loupe est le groupe qui a surgi tel un phénix des cendres de Dakota, qui a vu le jour au conservatoire d’Amsterdam. La base, également sur le plan musical, était et est toujours formée par le tandem stable Annemarie van den Born à la batterie et Lana Kooper à la basse.
En outre, Jasmine van der Waals crée les plus belles lignes de guitare. Julia Korthouwer a complété le tableau du groupe et s’est révélée être une compositrice de premier plan ; grâce à l’espace qui lui est accordé, nous l’avons vue évoluer énormément en tant que chanteuse (et claviériste) jusqu’au niveau qu’elle a atteint aujourd’hui. D’ailleurs, cette évolution se retrouve également dans les EP précédents, Older (novembre 2021) avec le single « Leave me there » et Spring (octobre 2022).

Peu de temps après, « Lonely Dance » est sorti en tant que premier single de l’album. Ce titre parle de la recherche de son propre chemin dans la vie, ce qui est bien illustré dans le clip qui l’accompagne, pour lequel le groupe a collaboré avec l’artiste Jeroen Jongeleen et dans lequel nous suivons un coureur dans un paysage vu du ciel. Elle donne une bonne première impression du son caractéristique de Loupe : un rythme de batterie non standard, une basse swinguante, un arrangement riche, une production claire et la voix agréable de Julia qui danse autour des notes.

Mais c’est encore plus fort dans ‘Caught in The Moment’, le deuxième single, qui parle des murs réels et imaginaires qui vous empêchent de grandir et d’être heureux. Avec cette chanson, Julia ne semble pas s’arrêter en si bon chemin et elle a assurément une allure internationale.
‘When It All Comes Back’ est un peu dans la même veine, avec de belles harmonies et une belle montée en puissance ; on pourrait la considérer comme une chanson clé.

Les points forts de l’album sont ‘Catch My Swing’ avec une superbe outro à la guitare, mais surtout ‘Holding Me Too Tight’, qui parle d’une relation étouffante, l’une des chansons les plus longues avec des sons de guitare en éventail et une belle apothéose. Bien que l’apothéose soit inévitable, on y ressent toujours la tristesse de devoir lâcher prise et une fin qui arrive trop tôt (musicalement aussi).

Le titre de l’album vient de « It’s Getting Wild(er), Getting Old(er) » qui est complété dans les paroles par « when everything is falling into place ».

L’ancien son de Dakota se fait entendre brièvement dans « My Hands », mais il se transforme rapidement en une solide outro. Et dans « So Far So Good », Jasmine a l’occasion de poser une délicieuse couche de guitare sur un rythme soutenu. Le morceau d’ouverture « I Keep Changing » ressemble à un roadf track dans lequel Julia passe directement aux choses sérieuses. Mais contrairement à ce que suggère le titre, le groupe semble tout juste avoir trouvé sa formule. Les choses sont différentes avec ‘Boat Flight’ : il donne vraiment l’impression d’être dans un bateau qui tangue. La chanson ‘Vortex’ ressemble un peu à ‘Single Girls’ de Laura Jansen et les 6 minutes de ‘I Get It Now’ sont bien choisies pour clôturer l’album, avec un long outro et beaucoup de dramaturgie instrumentale.

Enfin, ‘Warning Sign’ (le titre dit tout) est une chanson différente dans le sens où il s’agit d’un morceau aliénant et hypnotique dans le style des années 80 avec une sorte de loop.

L’album a été produit par Arne van Petegem (Moss, Styrofoam) et mixé par Beau Sorenson (Death Cab For Cutie, Sparklehorse).

Excelsior Recordings