Texte : Lucas Rebreyend

Il était une fois, une planète lointaine où le temps battait une mesure toute différente que celle imposée par la vibration d’un atome de césium. Secondes, heures, mois, siècles, tant de notions futiles ne sauraient avoir prise sur les terres enchanteresses de Timeland, car ici bas, on ne se pose pas la question du lent ou du rapide, du retard ou de l’avance, du début ou du fini. Tout cela n’a pas d’importance… du moins pas encore. 

Soudain, au commencement était le riff. Nonchalant, glissé aisément le long du manche, il se lève sur ses deux notes et avance. Il rencontre en chemin une guitare voisine, qui lui tend son chapeau. La discussion allant bon train, ils trébuchent tout deux sur un nid d’harmonicas, qui se lève en essaim ! Et l’histoire peut commencer … 

“The Land Before Timeland”, c’est une joyeuse introduction au safari « gizzard » que propose ce mini-album. Car on va ici croiser un bel aperçu de la faune sonore du groupe, à commencer par la superposition d’ambiances musicales. D’un riff simple de guitare, le groove s’épaissit progressivement au fur et à mesure que les musiciens rejoignent le train en marche, et en polyrythmie, s’il vous plaît. Batterie, harmonicas, chant, basse, tout le monde s’installe à sa place au sein d’une ambitieuse pièce jazzy au relents progressifs (Traffic n’est pas loin) qui rappelle les petits tubes en puissance de Fishing for Fishies (2019). 

Reprenant la formule du premier album de la série, le morceau s’étire en une (très) longue plage d’improvisation, qui ne se termine en vérité qu’à l’issue du second et dernier morceau, “Hypertension”, dont il serait futile d’essayer de décrire l’aspect tant on sent la volonté d’y laisser transparaître le magma continu des sessions groupées qui ont accouché cet album. Plusieurs jours durant, les gars ont joué tout leur saoul, tranchant ensuite au travers de nombreuses heures d’enregistrements pour en tirer une substance plausible, dont voici le résultat. Un opus à écouter d’une traite. Ready for Timeland ?