Texte : Susanne van Hooft

Enter Shikari est probablement le groupe le plus complexe qui soit. Avec des styles musicaux différents dans chaque chanson, Enter Shikari ne peut pas être étiqueté. En effet, le groupe s’est essayé au rock alternatif, au rock électronique et au post-hardcore. Et tous ces styles sont souvent passés au mixeur, ce qui donne des chansons qui partent dans tous les sens. De nombreux fans fidèles n’ont pas été entièrement convaincus par l’album précédent, « Nothing is True and Everything is Possible », et « The Spark » a également été considéré comme trop léger par certains. Le single « Bloodshot » sonnait assez démodé et électronique, ce qui est assez différent des travaux précédents comme « There’s a Price on Your Head » ou « Sorry You’re Not a Winner ». Il semble qu’Enter Shikari aille de l’avant avec « A Kiss For The Whole World ». Ne vous attendez pas à une bouchée rapide, il s’agit plutôt d’un album qui nécessite une certaine mastication.

A Kiss For The Whole World démarre sur les chapeaux de roue, la trompette retentit et nous avons droit à un déchaînement de Shikari à l’ancienne. Soulagement ! Pourtant, on est parfois pris au dépourvu. Juste au moment où l’on se dit : hey, ça a un côté vieillot (« Leap into the Lightning »), le groupe s’éloigne encore un peu plus des sentiers battus logiques. Avec « feed yøur søul », on décroche un peu ; on dirait le bruit d’un flipper. Avec Nothing is True and Everything is Possible, l’album précédent, le groupe a salué tous les anciens albums. Chaque chanson de « Nothing is True… appartient à une époque particulière de l’histoire du groupe. A Kiss For The Whole World fait également souvent allusion à des chansons antérieures. « Dead Wood » rappelle beaucoup Nothing is True and Everything is Possible en raison de sa mesure en 3/4, mais aussi parce que l’on peut réentendre « nothing is true » dans les paroles. On retrouve « Live Outside » dans « Giant Pacific Octopus (i don’t know you anymore) » : « I went to live outside ». Le chanteur Reynolds chante « Wait for the Spark » dans « (pls) set me on fire » et « Dreamers Hotel » revient dans « Jailbreak ».

Il y a trois ans, lors de la sortie de leur dernier album, les membres d’Enter Shikari étaient encore un peu en recherche. Ils se demandaient si la fin du groupe était arrivée ou s’il s’agissait simplement d’une nouvelle phase. Peut-être que le Covid était une bonne période de repos. Le chanteur et parolier Reynolds n’a pas enregistré de nouvelles chansons à l’époque. Ce n’est que lorsqu’Enter Shikari a recommencé à jouer en live que l’énergie du public leur a fourni l’étincelle nécessaire pour raviver le feu musical. Le morceau « (pls) set me on fire », avec son refrain un peu moins réussi, en est le reflet. Avec cette deuxième partie du groupe, comme ils la nomment eux-mêmes, les quatre musiciens semblent avoir encore du chemin à faire. Avec A Kiss For The Whole World, Enter Shikari ajoute un nouvel ensemble hétéroclite à sa collection de chansons du Far West.