Texte : Paul van der Zalm

Dripping Trees est l’un de ces groupes jeunes et opiniâtres comme nous aimons en voir, c’est pourquoi nous le portons à votre attention. Tous ceux qui visitent régulièrement le site de CHAOS Music Magazine savent que nous suivons les gars d’Eindhoven depuis un certain temps et nous étions très curieux de découvrir ‘Fuel of Mankind’, le premier album qui est sorti aujourd’hui. 

Nous avions déjà été impressionnés par les précédents singles « Distant Light », « Imaginary Order » et l’intriguant « Sink » qui vous colle à la peau. Et bien que les chansons diffèrent les unes des autres, cet album poursuit clairement la voie amorcée l’année dernière avec le single « Grieved » (qui ne figure pas sur l’album).

L’album a été annoncé comme un concept album et c’est ainsi qu’on peut le considérer. L’évolution humaine y occupe une place centrale. Parfois, elle est exprimée avec colère, comme dans « Imaginary Order », d’autres fois, elle est regardée avec étonnement. Par exemple, le récit « Alba » parle des expériences conjointes d’artistes et de scientifiques pour développer une version « phosphorescente » d’un lapin.  Le chanteur Koen Ruijs sait comment maintenir l’attention ici, de sorte que vous ne réalisiez pas qu’avec 6 min 18, c’est l’une des plus longues chansons de l’album.

Une grande partie des morceaux a en commun une dynamique énorme. Dans ‘Imaginary Order’, elle arrive très vite et cette chanson se termine également de manière accélérée. Le morceau d’ouverture « Orange Clouds » a un crescendo dans les règles de l’art ; le démarrage modeste « We Are Leaving Soon » se termine de façon fantastique et grandiloquente.

L’idée du concept est renforcée de quelques courts interludes parlés par une intelligence artificielle (une « voix d’ordinateur »). Cela est plutôt amusant et maintient l’équilibre, mais le contenu de « To Spread Our Own Imagination » est particulièrement sinistre, car il traite de la guerre. Le son du groupe est également parfaitement équilibré tout au long de l’album : Le jeu du guitariste Stef van der Wielen atteint parfois des sommets, mais Stijn Luijk et Stef Leijten respectivement à la batterie et à la basse, ont beaucoup d’espace et ce n’est pas au détriment de quoi que ce soit, du chant ou vice versa.

De toutes les chansons, seule « Blood Moon » est un peu à part, dans le bon sens du terme : il s’agit d’un hit rock accrocheur comme on en a l’habitude avec Editors, par exemple. Pour l’anecdote, on peut entendre le nom du groupe dans le texte. On pourrait voir l’intermezzo instrumental SF ‘For An All-Seeing Eye’ qui le précède comme une introduction à cette chanson.

Le dernier morceau est le bien nommé « Closing Track », qui rappelle Radiohead. Malgré une fin aussi merveilleusement dramatique, « Lullaby » aurait également été un titre approprié pour cet album. Mais la question est de savoir si vous ferez de beaux rêves ou si vous vous endormirez avec la devise « Welcome to Dystopia ».

Juste ceci : le 13 janvier, Dripping Trees était l’un des groupes de la scène CHAOS lors de Streamsonic, le showcase festival de Pinguin Radio ; vous pouvez voir la prestation ici : https://streamsonic.nl/artist/dripping_trees

Photo : Indy van Oss