Text: Paul van der Zalm

La carrière de rockeur de certaines personnes se termine à l’âge de 27 ans, mais pour la guitariste Lindsey Troy, elle n’a vraiment commencé qu’à ce moment-là. En 2013 est sorti le premier album ‘Sistrionix’ de Deap Vally, le duo féminin composé de Troy et de Julie Edwards, de trois ans son aînée, à la batterie. Sur cet album, toutes deux ont réussi à créer un son impressionnant et complet qui les plaçait des années en avance sur des groupes comme Royal Blood. Il était aussi immédiatement clair qu’elles s’inspiraient de Led Zeppelin et qu’elles appliquaient ce style de manière cohérente.

Aujourd’hui, huit ans plus tard, leur troisième album est sorti, déjà cinq ans après son prédécesseur Femejism. Entre-temps, les deux femmes n’ont pas chômé : Troy est devenue mère et, sur le plan musical, il y a eu une collaboration avec les Flaming Lips, qui a donné lieu à un album de Deap Lips, sorti au début du premier confinement.

La collaboration s’est bien passée, puisque plus tôt cette année sont sortis les EP Digital Dream (février) et American Cockroach (juin) sur lesquels on peut entendre des collègues comme Jennie Vee, Ayse Hassan (Savages), Soko et Jamie Hince. Deux chansons du premier EP se trouvent également sur l’album : le final hypnotique « Look Away » est une collaboration avec Jennylee et avec une durée de 4:36 c’est la chanson la plus longue de l’album ; ‘High Horse’ est une chanson blues rock avec la coopération de KT Tunstall et Peaches aux chœurs. Deux chansons sont également tirées de Cockroach : « Give Me A Sign » a une mélodie de valse et un arrangement avec des cordes et pourrait être une chanson de Lana Del Rey ; « I Like Crime », avec Jenny Vee des Eagles Of Death Metal, est une chanson qui se veut entraînante, surtout lorsque la chanson se transforme en canon.

« Phoenix » est une chanson remarquablement dansante et le single « Magic Medicine » est un morceau indie pop comme Blood Red Shoes le fait. La dernière chanson a cinq ans d’histoire. À l’origine, il s’agissait de se défoncer, mais aujourd’hui, il s’agit aussi de dire « nous avons besoin d’un remède miracle pour pouvoir s’amuser et se sentir libre à nouveau ». Heureusement, une partie de la brutalité originelle a été préservée : dans la chanson de contestataire « Perfuction », qui ouvre l’album, le duo va droit au but et nous entendons des influences des légendaires Runaways ; la ligne « Every Octopus Has Suction » est mémorable. Les chansons « Billions » et « I’m The Master » ont un son assez sale avec des sons distordus sur fond de rythme entraînant d’Edwards. Dans le bluesy « Where Do We Go », on entend bien sûr une grosse basse et, en plus, une outro inhabituelle. La fin de « Better Run (For Your Life) » est également étrange, car soudaine, et se distingue par le chant parlé de cette chanson.

Avec MARRIAGE, Deap Vally livre donc un album agréablement surprenant et diversifié, qui montre que les deux complices font tout pour que leur relation ouverte reste intéressante (même pour nous).

Cooking Vinyl / V2 Records