Texte : Paul van der Zalm

La sortie aujourd’hui d’un nouvel album de Deaf Havana peut paraître surprenante. Après tout, le groupe britannique s’est effondré en 2020, avec l’épidémie de corona en guise de coup de grâce. Ainsi, l’enregistrement du concert de 2019 Live at Brixton Academy s’est avéré être à la fois un point culminant provisoire et la conclusion d’une période d’environ 10 ans. S’il y a maintenant une suite au cinquième album studio Rituals, c’est principalement grâce à Matty Veck-Gilodi, qui a continué à travailler sur de nouvelles chansons et a réussi à persuader son frère aîné James, membre du groupe depuis le tout début, de ressusciter Deaf Havana, mais maintenant en duo, avec l’aide du producteur Mike Horner (Hot Chip, Jess Glynne, Yonaka).

James a joué un rôle important dans le passage du rock à la pop sur Rituals et le single « Kids » est dans ce sens une bonne passerelle vers cet album, avec un bel arrangement vocal. Les paroles nostalgiques s’accordent avec le thème de l’album, mais la chanson dont elle est tirée s’appelle remarquablement « The Present is a Foreign Land » et est un morceau rapide qui va jusqu’à son climax. Le reste des chansons est très emo ; les rimes sont parfois un peu simples, mais les paroles sont personnelles : « Going Clear », par exemple, parle des problèmes de dépendance de James. La simplicité est mise en valeur par une production complète et surjouée. Musicalement, l’album est un peu ambigu : d’un côté, ils optent pour le gros son, avec beaucoup de dynamique et de théâtralité e de l’autre, les frères sonnent régulièrement comme un duo boys band (avec autotune), ou comme Twenty One Pilots dans le court mais authentique morceau d’ouverture « Pocari Sweat » ou comme Ed Sheeran dans la ballade emo « Nevermind ». 

Tout n’est pas très original, mais les hommes expérimentés savent comment faire une bonne chanson, comme ils le prouvent avec « Trying/Falling », avec un bel arrangement de cordes ainsi qu’un arrangement vocal. La chanson « Someone/Somewhere », basée sur un rythme de danse, constitue également une bonne surprise. Les frères sont assistés par IDER, un duo londonien d’auteurs-compositeurs-interprètes composé de Megan Markwick et de Lily Somerville ; une collaboration qui a un goût de reviens-y. Le temps répondra à la question posée dans le morceau de clôture gospel « (How Will You) Remember Me? »

SO Recordings / Mattan records

Vous voulez en savoir plus sur la réalisation de cet album ? Regardez cette interview (en anglais) réalisée par Rock Sound sur YouTube :