Texte – Arjen Bloem

Les gars de Black Midi sont connus pour ne pas se soucier de comprendre les progressions d’accords, ou plutôt, tout est une jam session qui transforme tout l’environnement en un agréable désordre. Le premier album Schlagenheim, acclamé en 2019, a été extrêmement bien accueilli par le public et la presse et a créé une certaine attente quant à son successeur. Un peu plus tard, la même année, le groupe travaillait déjà sur le deuxième album, souvent épineux, Cavalcade. Tout comme Schlagenheim, Cavalcade contient le rock expérimental que vous connaissez grâce à des chansons comme ‘bmbmbm’ et ‘953’.

Ce qui est frappant, c’est que sur Cavalcade, l’accent est moins mis sur l’improvisation que sur Schlagenheim. Le groupe semble s’être fixé pour objectif de mieux penser son son expérimental. Cette plus grande réflexion est immédiatement perceptible dans le morceau d’ouverture ‘John L.’, qui est parfait pour un voyage supersonique semblable à un tourbillon dont on ne peut s’échapper. Il est agréable que l’album laisse de la place pour un repos entre les morceaux plus lourds. Cela donne juste assez d’air pour se lancer dans le tourbillon suivant. L’un d’entre eux s’appelle « Chondromalacia Patella » et c’est en fait Black Midi en quelques mots. La chanson vous régale de phrases insolites et de riffs surnaturels et ceux qui écoutent bien reconnaîtront que le climax de ‘bmbmbm’ est recyclé. Cela passe par des moments calmes aux influences jazz, pour se transcender en dix secondes et passer à la vitesse supérieure ; impossible de savoir.

C’est exactement ce qui rend le groupe Black Midi si agréable. En bref, Cavalcade est un disque plus mature qui ressemble à son grand frère Schlagenheim. La grande différence réside dans l’approche du résultat final. 

Rough Trade

Photo : Black Midi