Texte : Florian Baudouin

Ane Brun est une véritable star en Scandinavie, et plus particulièrement dans sa Norvège natale. Avec cinq disques de platine, deux disques d’or, et des albums occupant la plupart du temps les sommets des charts norvégiens mais également suédois, sa réputation n’y est plus faire. 

Forte d’une carrière de près de deux décennies et après sept albums entre 2003 et 2015, elle n’avait depuis “When I’m Free” en 2015,  plus sorti de contenu original, “Leave Me Breathless” (2017) étant un album de reprises. On apprend que le décès de son père est la principale cause à cette absence de cinq ans. Contrairement à ses expériences passées à propos desquelles elle déclare “faire face à tout ce qui se produit dans [sa] vie par la composition de musique”, ce traumatisme lui a coupé toute inspiration et même toute envie. Quatre ans plus tard et alors que la blessure est moins vive, elle sort dans un premier temps “After The Great Storm” le 30 octobre 2020, et annonce dans la foulée “How Beauty Holds The Hand Of Sorrow” dont la sortie est prévue seulement un mois plus tard. C’est donc à un véritable double album que nous aurons droit après cette attente de cinq années, et c’était d’ailleurs ce qui était originellement prévu, le confinement généralisé obligeant Ane Brun à revoir ses plans.

Ceux qui suivent Ane Brun de près savent que sa musique a largement évolué depuis ses débuts il y a 17 ans. Ses premiers albums étaient d’un style résolument folk et très américain pour ensuite évoluer progressivement vers un style plus ambiant, parfois à la limite de l’électro-pop, et pour le coup nettement plus scandinave. Cet album s’inscrit dans la droite lignée des précédents. L’album s’ouvre avec “Last Breath” (s’il fallait rappeler l’ambiance sous laquelle sera placée cet album, voilà qui est fait), dont l’outro aux cordes frottées ressemblerait à s’y méprendre à une bande-son de cinéma. Le piano est omniprésent, et à cela s’ajoutent différentes couches de cordes frottées et de synthétiseurs qui viennent ajouter davantage de consistance, de profondeur, à l’ensemble. Cependant, certains titres tels que “Meet You At The Delta” raviront les fans de la première heure, grâce à ce guitar picking si cher à l’artiste. D’un point de vue général, l’album répond parfaitement à son titre. Il traite de la perte, de l’épreuve, de la tristesse, mais n’est jamais larmoyant et est hautement cathartique. Comme son nom l’indique, il  s’efforce de trouver un bon côté aux choses difficiles. L’album se clôture avec une version piano de “Don’t Run And Hide”, titre présent sur “After The Great Storm”, avec lequel on comprend que Ane Brun est loin d’avoir dit son dernier mot et nous répète : “I’m here for you”.

Ballon Ranger Recordings

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