Texte : Paul van der Zalm

C’est une sacrée coïncidence est qu’il n’y ait qu’un petit pas entre le nouvel album de Weyes Blood avec lequel nous avons clôturé l’année 2022 et le nouvel album d’Amber Arcades, sorti aujourd’hui, qui voit Annelotte de Graaf innover. Après le surprenant premier album Fading Lines (2016) et le tout aussi bien accueilli European Heartbreak (2018), il s’agit de son premier album pour le label londonien Fire Records.

La plus grande similitude entre les deux albums est leur nature contemplative. Amber Arcades, par exemple, évoque dans « (Isn’t That) Just Like Me » le sentiment d’abandon qu’on peut ressentir dans une grande ville comme Amsterdam, où elle a déménagé juste avant les confinements. C’est avec cette chanson qu’elle a annoncé son retour à la fin du mois d’octobre de l’année dernière. Musicalement, c’est l’une des rares chansons un peu plus rapides, avec un rythme agréablement perturbant, et sa voix s’apparente ici à celle de Sharon van Etten. Cette dernière remarque s’applique également dans une certaine mesure à la chanson « Contain », beaucoup plus lente et presque nonchalante, qui souligne le caractère général de l’album. On remarque ici l’utilisation de basses profondes.

Sur l’EP Canonball, de Graaf chantait déjà ‘It Changes’ et c’est certainement le cas, car à l’époque Amber Arcades sonnait encore comme un groupe, mais maintenant l’accent est davantage mis sur sa croissance en tant que chanteuse que sur les guitares. Dès le début, on est même surpris par les sons atmosphériques d’une harpe dans la chanson titre ‘Diamond Road’, heureusement suivie par la dynamique nécessaire et quelques dissonances.

Pour ce nouvel album, de Graaf a de nouveau travaillé en étroite collaboration avec Ben Greenberg, qui a également produit le premier album. Elle déclare : « Je le suis depuis quelques années. Il a travaillé sur de nombreuses musiques de films et ces chansons étaient assez cinématographiques. Je voulais cette grande atmosphère, alors je l’ai contacté. J’avais l’idée d’une harpe, d’un violoncelle, d’instruments classiques. Pour être honnête, j’étais juste un peu ennuyé par la musique à base de guitare. » Le deuxième single « Odd to Even » rassemble tout cela. Son orchestration est ici un peu plus modeste, mais on peut totalement imaginer une performance avec un grand orchestre. Et entend-on une référence à Song to the Siren dans les paroles ?
« Life is Coming Home » est une chanson qui se prête bien à un remix. Cette version est chantée presque a cappella avec seulement quelques effets sur les voix comme l’utilisation d’un vocoder et d’un delay, elle offre donc toutes les chances d’en faire quelque chose d’aussi beau que « Missing » (Everything but the Girl) ou « Tom’s Diner » (Suzanne Vega).
Dans « True Love », le nom dit tout, comme dans « Odd to Even », de Graaf revient sur son développement personnel sur le chemin de l’amour et sur l’énergie et la compréhension que cela lui a apporté. Le point culminant de l’album est le titre « I’m Not There », d’une durée de six minutes, qui se développe jusqu’à un magnifique climax où la musique prend le dessus sur les voix qui se fondent dans le décor. Après cela, le morceau de clôture « You Could Never Let Me Down » offre beaucoup d’espace pour redevenir zen.

Enfin, les arrangements de percussion de Matt Chamberlain (Pearl Jam, David Bowie, Adele, Lorde, Bruce Springsteen) méritent une mention spéciale.

Fire Records