Texte: Paul van der Zalm

Le deuxième album de Black Honey, sorti en 2021, s’intitulait Written & Directed, un titre que l’on associe immédiatement au générique d’un film ou d’une série télévisée. Aujourd’hui, deux ans plus tard, un nouvel album voit le jour : A Fistful of Peaches, qui fait automatiquement penser au célèbre western spaghetti A Fistful of Dollars (Pour une poignée de dollars). Et bien que le célèbre acteur Charles Bronson n’y ait pas joué un rôle (ce qui aurait pu être le cas), il n’y a qu’un pas vers le titre du morceau d’ouverture Charlie Bronson. Cependant, cette chanson, qui a été le premier prélude au nouvel album en août, ne parle pas tant de lui que de quelqu’un qui s’identifie à lui, sous l’influence d’opiacés. Cela donne immédiatement le ton aux autres paroles, qui semblent toutes découler des luttes de la chanteuse Izzy B(axter) Phillips et de la thérapie qu’elle a suivie pour les combattre.

Ce combat est ensuite reflété de manière assez spectaculaire dans la vidéo qui l’accompagne et, musicalement aussi, le groupe y va franco, encore plus fermement que dans Heavy, qui suit. Là encore, la vidéo d’accompagnement, réalisée avec et par la drag queen Dakota Schiffer, a fait l’objet d’une grande créativité. Musicalement, il s’agit d’une chanson entrainante avec des guitares distordues et Phillips chantant de manière ironique par-dessus. Cela donne à l’ensemble un air assez campagnard et donne l’impression d’être moins sérieux qu’un groupe comme Yonaka, auquel on peut comparer le son de l’album.

Il semble que Phillips ne dévoile pas le fond de sa pensée et qu’elle joue un peu à cache-cache. Dans Up Against It, elle encourage sa jeune « elle-même » : « Breathe in, breathe out / Give yourself a break, kid » (Respire, expire / Accorde-toi une pause, petite), ce qui est à nouveau illustré de manière appropriée dans le clip, où des enfants interprètent une version plus jeune de Black Honey. Le groupe lui-même entre en action dans le clip de Out of My Mind, qui sonne également comme une chanson de groupe, et dont les quelques personnes présentes au concert dans (la petite salle de) Paradiso le 20 juin 2022 ont déjà pu témoigner. Les deux lignes vocales qui confèrent à ce morceau un caractère quelque peu schizophrénique sur le plan musical sont particulièrement remarquables.

Nous pouvons être assez brefs sur le reste des chansons, car elles suivent toutes à peu près le même schéma : elles commencent calmement et finissent sauvagement, les guitares sont généralement saturées mais plutôt plates et la variation (également à l’intérieur des chansons) se trouve principalement dans le chant de Philllips. Le groupe semble surtout demander à être inclus avec ses chansons dans la bande originale d’un film, par exemple, car on les entend toujours au générique. Pour être honnête, je m’attendais à plus de singularité dans le style du groupe à ce stade, en effet, I’m a Man ressemble à Moaning Lisa Smile de Wolf Alice, et Tombstone à une chanson de Blood Red Shoes. L’exception positive est Nobody Knows, une chanson sensible où les minutes semblent s’égrener en arrière-plan et plus loin : le morceau de clôture Bummer sonne également de manière légèrement différente en raison de l’utilisation d’un battement de synthétiseur.

Foxfive Records