Texte : Jaap van Hamond

Son nouvel album Sometimes, Forever présente certaines des compositions les plus audacieuses de Sophie Allison. Armée d’une production cohérente et de son écriture caractéristique, Soccer Mommy se bat contre les contradictions : l’extase et la misère, le bien et le mal. Au final, elle arrive à la conclusion qu’ils font partie intégrante de la vie, souvent simultanément. En chemin, l’Américaine utilise intelligemment des éléments de la new wave, du sludge rock et du goth.

Sur son premier album Clean, le talent de Sophie Allison en tant qu’auteur-compositeur est au premier plan. Le deuxième album, Colour Theory, explore davantage ce talent, mais avec un son plus exubérant. Aujourd’hui, avec le troisième album, le contexte musical subit son plus grand changement, et Soccer Mommy semble plus riche en vécu et plus apte à l’autoréflexion. Mais ce n’est pas sans frustration : « Je déteste tellement d’aspects de l’industrie musicale, mais je veux réussir », déclare Allison. En plus de cela, elle veut la perfection, tout en sachant que c’est un rêve inaccessible : « Je veux faire des choses qui résument exactement ce que je pense et ce que je ressens ».

Le changement musical se présente en partie sous la forme d’un producteur de renom, Daniel Lopatin, connu pour ses travaux électroniques expérimentaux comme Oneohtrix Point Never et ses collaborations avec le géant de la pop The Weeknd. Bien que la collaboration ne soit pas évidente au premier abord, Lopatin sait donner une touche électronique rafraîchissante au son indie rock de Soccer Mommy avec brio. Ce changement de contexte musical donne également à Allison un nouvel exutoire pour ses chansons, comme sur « Unholy Affliction », qui s’élève comme une montagne dangereusement dentelée au-dessus du paysage mélancolique de la discographie de Soccer Mommy. Les synthés semblent maudits, les rythmes fragmentés, sa voix apathique :  » I »m tired of the money, and all of the talking at me « . Bien sûr, cela ne veut pas dire que les mélodies rêveuses sont moins bonnes que les mélodies brutales. Les singles précédents, « Shotgun » et « Bones », sont de jolies compositions shoegaze avec de belles mélodies et de belles voix. Et sur le dernier morceau « Still », on retrouve Allison dans ce qu’elle a de plus honnête. Il est presque troublant de voir à quel point elle parle ouvertement de la douleur qu’elle endure, luttant contre la dépression et l’instabilité mentale :  » White little pills, take it all away. Drive to the bridge, just to stop the thinking ». Soutenue par une simple ligne de guitare et des synthés magiques, c’est l’une de ses chansons les plus émouvantes.

Sometimes, Forever est, à part quelques moments oubliables, une autre contribution honnête à la discographie de Soccer Mommy. 

Loma Vista / Virgin