Texte : Arjen Bloem
Photo de couverture : Holly Whitaker

La première nouvelle réjouissante de 2021 est la sortie de Drunk Tank Pink, le 15 janvier , le deuxième album studio du groupe de post-punk britannique Shame, un an après que l’album a été enregistré dans le studio français La Frette. CHAOS a pu discuter avec eux à propos du processus d’enregistrement.

Le titre de l’album est Drunk Tank Pink, comment ce nom vous est venu ?
La chambre de Charlie où il vivait et où on a composé l’album était rose. Bacon mellow pink. Charlie a fait des recherches sur ce que ce terme voulait dire et a découvert que la couleur rose est utilisée dans les cellules des commissariats, des prisons ou des asiles. Cette couleur rend les gens naturellement calmes. On a trouvé que ça passait bien, avec un clin d’œil.

Quand un groupe sort son deuxième album, il est inévitablement comparé au précédent, pour Shame, il s’agissait de Songs of Praise. Dans quelle mesure le cliché selon lequel le second album est toujours le plus compliqué à réaliser s’applique-t-il à Drunk Tank Pink ?
A la fin c’est aussi difficile que tu veux que ça le soit. C’est toujours un challenge de faire un nouvel album comme tu l’as imaginé. Le plus difficile c’est surtout si tu ne prends pas de plaisir dans la création et si tu manques d’idées. C’était un challenge pour le groupe de changer de direction. L’environnement dans lequel on était pour enregistrer l’album était complètement nouveau pour nous.

Est-ce que cette pression était causée par le succès de Songs of Praise ?
Oui d’une certaine manière, surtout parce que qu’il y avait cette attente de la part des médias et du public quant à ce à quoi l’album ressemblerait. Un changement de style était critiqué alors qu’au final c’est ça faire de la musique en tant que groupe. C’est l’essentiel : grandir en tant que musiciens et ne pas faire une version différente du premier album ; c’était le plus important.

Photo : Bente van der Zalm

Dans la précédente interview avec CHAOS, vous nous aviez dit que le groupe avait besoin de temps pour être ensemble et de prendre votre temps pour réaliser Drunk Tank Pink. De quelle manière cette façon de faire a influencé l’album ?
C’était surtout très rafraîchissant d’avoir plus de temps pour le processus créatif qu’on avait prévu pour l’album. Pour Songs of Praise on s’est juste retrouvés et commencé à improviser, ce qui bien sûr est correct, mais ça réduit le temps que tu penses à réfléchir à ce que tu veux vraiment jouer.  Pour faire Drunk Tank Pink, on s’est vraiment demandé : Qu’est-ce qu’on a vraiment envie de faire ? Ça nous a menés à enregistrer des jam sessions et les réécouter avec un point de vue critique. Puisqu’on a travaillé de cette manière, on trouve que cet album est plus abouti.

Qu’est-ce que vous avez fait différemment ?
Pour la première fois, on avait vraiment l’argent pour acheter du matériel d’enregistrement alors on pouvait faire une démo correcte. Mais c’est surtout le passage de l’improvisation à l’enregistrement qui a fait une vraie différence. Si l’un de nous avait une idée on en faisait une démo ; c’est très différent de quand on jouait seulement. Réfléchir et penser à ce qu’on faisait a donné au processus d’enregistrement un nouvel angle de vue auquel on était pas habitués. C’était sympa de travailler comme ça. Bien sûr ça fait beaucoup moins “punk typique” mais ça a bien marché pour nous.

Vous avez enregistré  l’album aux studios La Frette près de Paris. Pourquoi avoir choisi ce studio ?
On a eu de bons échos sur cet endroit, de la part d’autres artistes et notre producteur James Ford a aussi souvent travaillé là-bas. L’espace et les opportunités que le studio nous a donnés, c’était une expérience exceptionnelle.

James Ford a produit l’album. Qu’est-ce que vous en avez retiré ?
On en était au point où l’on voulait se rapprocher de différents genres musicaux, mais on ne savait pas comment faire exactement. Surtout, on ne savait pas quelles étaient les possibilités de tout le matériel qu’on voulait utiliser. James a été la réponse à ces questions. Il nous a montré ce qu’on pouvait faire de ce matériel et comment l’utiliser d’une manière appropriée à ce qu’on voulait faire. C’est un producteur très réfléchi qui a vraiment aidé le groupe avec ses conseils. Il a en quelque sorte fait partie de Shame pendant quelques semaines, et il a joué un rôle déterminant dans la nouvelle direction vers laquelle le groupe se dirige.

Quels sont les nouveaux instruments que vous avez utilisés ?
Il y avait tellement de possibilités qu’il a fallu faire des choix très difficiles. Mais c’est surtout la Gibson 355 et la Fender Squier VI ainsi que quelques pédales, qui sont nouvelles sur l’album.

Est-ce que vous voulez dire par là que Shame a grandi ?
C’est possible, Songs of Praise était très juvénile. Regarde les thèmes qu’il abordait, les ambiances qu’il avait. On a pris tout ce qu’on a appris au cours de ces deux années de tournée et on a emmené ça dans le studio.  Peut-être que maintenant on est des adultes, mais on en n’a pas encore vraiment l’impression. On reste ce groupe d’amis londoniens qui jamment.

Dans la dernière interview avec CHAPS, vous avez dit que la percussion avait une place plus importante dans le nouvel album et que cela ajoutait un sixième membre au groupe. Qui est ce nouveau membre et est-ce qu’il apporte ce à quoi vous vous attendiez ?
Avec Songs of Praise, on sonnait différemment en concert que sur l’album. Avec la complexité de Drunk Tank Pink, on veut être capable de jouer la même musique en live que sur l’album. On avait besoin d’un sixième membre pour remédier à ça. Kyle Morrison, le sixième membre, convient parfaitement au groupe. Il nous a aussi aidé à réfléchir à une nouvelle direction musicale.

Donc maintenant voilà la question sur les titres des chansons, parce que je pense qu’on peut être d’accord sur le fait qu’ils peuvent être qualifiés d’uniques ; 6/1, Born in Luton. D’où vous est venu l’inspiration pour ça ?
Certaines des chansons viennent de titres auxquels on a réfléchi. On a trouvé des noms étranges pour identifier les chansons comme Born in Luton et 6/1. D’autres titres ont plus de rapport avec les paroles.  On aime bien mettre un peu d’humour dans les titres, tout simplement parce que c’est bien de ne pas tout prendre trop au sérieux.

Une tournée au Royaume-Uni est déjà annoncée. Est-ce que cela veut dire que les dates européennes suivront bientôt ?
Ce serait trop tôt pour dire quoi que ce soit à ce propos parce que la période est incertaine. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura des concerts !

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