Texte et photos : Florian Baudouin

On pourrait penser que la synthwave est un style de niche, à plus forte raison lorsqu’elle comporte de claires influences metal comme ce soir. Pourtant, en arrivant au Transbordeur en ce mardi soir, on peut voir toutes sortes d’individus : des metalleux, de jeunes cadres dynamiques, des retraités… Depuis dix ans, James Kent alias Perturbator a su ratisser large et toucher un public varié, depuis les fans de musique électronique jusqu’aux amateurs de musique extrême, pour s’imposer comme une véritable légende de la synthwave française et internationale. Aujourd’hui, on s’apprête à voir ce que ça donne en live, et à découvrir Author & Punisher et Health qui accompagnent Perturbator sur cette tournée.

C’est donc Author & Punisher qui va lancer les hostilités. Tristan Shone, l’homme derrière le pseudonyme, se place derrière ses “drone machines”, instruments électroniques conçus par ses soins et est accompagné d’un guitariste. On peut voir une inscription sur la structure métallique soutenant l’attirail de Shone : “These machines kill fascists”. Au moins c’est clair, ces gars sont venus pour en découdre.  On remarque d’ailleurs que l’une des machines qu’il actionne régulièrement ressemble à s’y méprendre à une mitrailleuse lourde… ceci explique cela. Musicalement, on se rapproche plus du metal industriel : Tristan Shore envoie des parties de basses heavy et distordues, de nombreux sons électroniques inhumains et un chant la plupart du temps screamé sur lequel est appliqué un modulateur de voix, alors que le guitariste se livre à des mélodies maudites. Outre tout l’aspect heavy dans l’identité sonore de Author & Punisher, on retrouve également l’influence de la synthwave avec de nombreuses mélodies de synthés.

Après cela, c’est au tour de Health de nous faire découvrir son univers. Là encore, il s’agit plus de rock industriel aux sonorités synthwave que l’inverse. Le groupe se constitue d’un chanteur guitariste; d’un batteur et d’un bassiste qui est aussi en charge des parties électroniques et de synthés. D’ailleurs, ce dernier n’hésite pas non plus à lâcher sa basses pour envoyer des screams dans un modulateur vocal pour les utiliser comme véritables sons d’ambiance. Les morceaux sont globalement assez courts et son rythmiquement très intéressants, car on remarque de nombreux changements et contrastes au sein d’un même morceau. On utilise régulièrement un kick répétitif et entraînant, comme dans l’intro du premier morceau “Identity” et on a souvent des parties atmosphériques suivies d’une rupture qui enchaîne sur des parties agressives aux rythmes déchainés. Le son de Health est riche et varié, c’est une belle découverte.

La bâche noire en arrière-plan tombe et laisse découvrir une structure métallique en forme de portique, ornée d’une étoile à cinq branches, dont est friand Perturbator depuis ses débuts. Un sample retentit et James Kent et son batteur traversent le portique alors que l’étoile s’illumine. Ce coup-ci c’est bien de la pure synthwave aux accents metal qui nous est servi. Il y a bien moins de texte que pour les actes précédents. On se concentre ici sur la musique qui avec l’omniprésence de synthés rétrofuturistes nous embarque dans l’univers cyberpunk très cinématographique de Perturbator. Et ces jeux de lumières ! On est émerveillés devant ces néons et ces LEDs qui gesticulent tout le long de la structure métallique en arrière-plan. Pendant un peu plus d’une heure, Perturbator nous fait voyager au cours de différents tableaux qui sont autant de scènes d’un film, comme il sait si bien le faire en studio depuis dix ans. Il sera rejoint par Jake Duzsik, chanteur de Health, pour l’unique titre de rappel.

On note au cours de ce concert, une interaction avec le public très limitée de la part des différents protagonistes. Mais ce soir on ne va pas s’en plaindre, car c’est en totale adéquation avec le genre. On se concentre sur ce qui se passe devant nous, sans fioritures ni pauses à rallonges et on laisse libre court à son imagination devant ce genre si particulier, entre onirisme et fiction.

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